ARCHIPAT invite les technologies du futur au chevet de châteaux médiévaux – MAGAZINE #5
23 octobre 2017Plans et logiciels en 3D sont le quotidien des tailleurs de pierre, charpentiers et menuisiers, aux travaux coordonnés par une plate-forme numérique universelle, déclare Gaël Robin, architecte associé d’Archipat.
Textes par : Jocelyne Vidal – Article issu du Magazine Terrésens 5
On n’échappe pas à son destin… C’est au coeur d’un ancien quartier de tuileries que les quatre architectes associés d’Archipat ont implanté en 2001, leur agence spécialisée dans la valorisation du patrimoine et l’intégration de projets architecturaux, urbains et paysagers dans une perspective contemporaine de développement durable. Associés à la faveur de leur première commande – La transformation en pôle culturel, du château de Louis XI à La Côte Saint André, dans l’Isère – les quatre architectes ont su « passer à travers les gouttes de la crise de 2008 » pour insuffler à leur activité une belle vitesse de croisière.
Du Théâtre d’Aix les Bains au Palais Présidentiel de Lomé
« Une veille permanente nous a permis de répondre à un maximum d’appels d’offres, ce qui a boosté notre activité, notamment à Aix-les-Bains où notre étude sur la rénovation technique de la remarquable cage de scène du théâtre a entraîné son classement aux Monuments Historiques, poursuit Gaël Robin; d’autres chantiers de rénovation sont en cours à l’Hôtel de Ville, aux
Thermes et à l’Hôtel du Bernascon, ancien palace aixois ». Attelée durant sept ans à la restauration du Palais de Justice de Lyon, sous la direction de Didier Repellin, architecte en chef des Monuments Historiques, l’agence Archipat rendra également leur éclat originel aux châteaux de Ray-sur-Saône en Haute Saône, de Ripaille à Thonon-les-Bains.
A des milliers de kilomètres de là, Archipat et ses confrères Segond et Guyon ont ouvert le vaste chantier de la métamorphose du palais présidentiel de Lomé en centre d’art et de culture sur le Togo, l’Afrique et le monde. Un éclectisme voulu par l’essence même de l’activité de restauration patrimoniale.
Les surprises high tech du Château de Ripaille
Découvrir les prémices de la domotique dans un château médiéval… Voici l’une des nombreuses surprises réservées par le Château de Ripaille aux restaurateurs de la salle à manger et de la cuisine de l’édifice construit au XVème siècle à Thonon-les-Bains, par le premier duc de Savoie et restauré, à partir de 1892, par Frédéric Engel Gros, industriel adepte du mouvement anglais Art and Crafts. Cette vision de l’art uni à l’artisanat pour faire « une oeuvre d’art totale » de chaque mobilier ou détail architectural, prend tout son sens au Domaine de Ripaille, étendu sur 120 hectares au bord du Lac Léman. Ainsi les murs et boiseries de l’antique château révèlent-ils des trésors d’ingéniosité dans le système d’ouverture et de fermeture de ses volets aux quatre vantaux, l’occultation de ses fenêtres gothique au verre aussi fin que celui des vitraux, derrière un jeu de rideaux, voilages et claustras de style moucharabieh, coulissant mécaniquement pour se prêter à de subtils jeux de lumières tamisées.
Ray-sur-Saône à l’heure de la 3D
Du crayon à la plate-forme de rénovation en 3D, il n’y a qu’un pas au Château de Ray-sur-Saône, autre grand projet de rénovation dont Archipat vient de remporter l’appel d’offres, en collaboration avec le paysagiste Frédéric Reynaud et l’économiste Philippe Tinchant. S’il faut remonter à l’an 1175 pour retrouver l’acte de naissance de l’édifice juché sur un éperon rocheux, à une cinquantaine de mètres au-dessus de la Saône, sa restauration est régie par des technologies d’avant garde.
« Le relevé complet de l’intérieur et de l’extérieur du Château de Ray-sur-Saône, classé Monument Historique, après avoir été transformé aux XVIIIème et XIXème siècles dans l’esprit classique de Jules Hardouin-Mansart, s’opère en 3D, dans le cadre d’une plate-forme numérique universelle partagée sous le nom de Building Information Modeling, avec l’ensemble des acteurs de la maîtrise d’œuvre : architectes, économistes, ingénieurs intervenant ainsi en coordination continue », explique Gaël Robin. « La démarche BIM permet de gagner du temps et d’éviter les mauvaises surprises », résume l’architecte doublé d’un intervenant au sein du Groupement pour l’Education Permanente des Architectes.
Permettre à nos monuments de ne jamais cesser de raconter leur histoire
Adoptée en 2017 par l’ensemble des architectes de l’hexagone, la démarche du Building Information Modeling illustre l’hyper modernité des métiers de la restauration patrimoniale : « les plans en 3D sont le quotidien des menuisiers, charpentiers et des tailleurs de pierre , tel le Meilleur Ouvrier de France Victor Parzych qui fait appel à des logiciels en 3D pour modéliser toutes les pierres d’un édifice en cours de réhabilitation, on ne travaille plus comme au Moyen Age ! ».
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